La médecine traditionnelle chinoise recèle des trésors insoupçonnés et notamment le Qi Gong, une gymnastique caractérisé par sa lenteur et sa douceur qui peut vous aider à mieux maitriser votre corps.
Qi Gong , le remède aux blocages des zones inconscientes
Le rapport au corps classique que l’on peut observer couramment chez nos contemporains, notamment chez les sportifs, est caractérisé par l’utilisation de la volonté pour contraindre le corps à réaliser ce que l’on a décidé.
Qui dit volonté implique contraction musculaire, utilisation de la force – comme pour faire plier le corps malgré lui – souvent pour réaliser un mouvement selon un modèle extérieur, pas toujours bien compris.
Résultat : renforcement des tensions et des blocages, risques accrus de blessure à court, moyen et long terme.
Or, les zones de tension et de blocage sont justement des zones d’inconscience, ce que j’appelle des « zones aveugles ».
Quelle est la genèse du Qi Gong?
Le Qi Gong a influencé de nombreuses techniques thérapeutiques à travers le temps et sur tous les continents de la planète. Il existe divers courants thérapeutiques aujourd’hui qui expliquent en détail comment le corps mémorise les traumatismes physiques, émotionnels et mentaux. Pour résumer, disons que les parties du corps concernées deviennent le siège de tensions chroniques. L’énergie y circule moins bien, ces zones deviennent plus rigides, moins sensibles. On peut dire que la conscience y est oblitérée. Et ce phénomène est en fait une mesure de protection pour éviter de réveiller la mémoire du ou des traumatismes associés à cette partie du corps.
C’est un autre rapport au corps qui est proposé dans des disciplines comme le Qi gong. En effet, il s’agit alors d’effectuer des gestes, de mobiliser le corps avec une intention claire qui ne va pas à l’encontre du corps. Entre volonté et intention, la différence de vocabulaire traduit plus qu’une simple nuance.
Le Qi Gong guide par votre corps
En Qi gong, on part d’une intention claire, et ensuite on laisse pour ainsi dire le corps faire, tout en continuant à l’observer. Si l’on constate un blocage qui nuit au mouvement, ce n’est pas pour modifier de force le mouvement. En effet, comme disent les Chinois : « Là où va le Yi va le Qi ». Ce que l’on peut tenter de traduire par : « Là où va l’attention, va l’énergie ». Et petit à petit, avec le temps, le fait d’amener régulièrement son attention sur une zone aveugle du corps va rétablir la circulation de l’énergie dans cette zone.
C’est une des raisons pour lesquelles on prône la lenteur en Qi gong. En effet, il est plus aisé de poser son attention sur un mouvement lent. Il s’agit ici de goûter la totalité du geste, du début à la fin, et non de focaliser sur un résultat final. Ce qui ne veut pas dire que l’on est condamné à la lenteur pour être conscient de ce que l’on vit.
Nous pouvons illustrer cela par exemple avec le Tai Ji Quan, discipline très proche du Qi gong mais avec une dimension martiale. La base de cette pratique consiste également en des mouvements très lents. Après maintes et maintes répétitions, le pratiquant acquiert une fluidité dans ses gestes qui montre que les blocages ont été dissous. Alors, il peut passer en conscience à une exécution en vitesse et en puissance sans risque de nuire à sa santé.
Un exemple concret des biens-faits du Qi Gong : le mal de dos
Il nous arrive tous de faire un « faux mouvement » ou de dormir dans une mauvaise position qui génère une douleur dans le dos. Quelle est notre attitude dans ce cas ?
Je n’évoque pas ici la lésion du type lumbago qui ne nous laisse d’autre choix que l’immobilité tellement la douleur est intense et omniprésente. Lorsque la lésion est plus légère, elle provoque une sensation de gêne permanente et une douleur seulement dans certains gestes et attitudes. Alors, la plupart d’entre nous, essaie régulièrement de remettre en place ce qui ne va pas. On mobilise le dos de manière à le faire craquer, comme c’est le cas lorsque l’on est manipulé par un ostéopathe ou un chiropraticien.
Mais voilà, nous ne sommes pas manipulé par un tiers : nous utilisons notre volonté pour faire disparaître le problème. Et ces mouvements, y compris les extensions, nous les réalisons au prix de fortes contractions musculaires. En général, nous n’arrivons qu’à aggraver le problème au point que la douleur devienne telle que nous sommes obligé de réduire la mobilité du dos, le temps que la lésion se résolve.
Au lieu de cela, il est possible d’utiliser des exercices de Qi gong. Ceux-ci consistent en une mobilisation très douce du dos, et en particulier de la colonne vertébrale.
Il s’agit de mobiliser les cervicales, puis les dorsales, les lombaires, le bassin (avec les vertèbres sacrées et coccygiennes), pour finir avec l’ensemble du dos. Et ceci dans les 4 orientations possibles : avant-arrière, en flexion de chaque côté, en torsion de chaque côté, en rotation.
Le Qi Gong et la circulation des énergies
Mais ce qui va être le plus important, c’est l’attitude. Ainsi, on ne cherche pas à baisser la tête puis le buste vers l’avant mais on relâche progressivement les muscles qui retiennent la tête et le buste à l’arrière. Au lieu de baisser volontairement sa tête en contractant les muscles de l’avant du corps, on relâche les tensions du dos et cela en cherchant à sentir chaque vertèbre mobilisée de la première cervicale à la pointe du coccyx. Ces deux derniers points garantissent que l’attention est posée et que grâce au Qi Gong l’énergie circule du haut en bas du dos.
Cette qualité de présence à chaque instant de l’exercice et à chaque partie du corps est une façon de reconnaître le message délivré par le corps au travers de la lésion. En effet, celle-ci attire notre attention sur un point précis de notre corps et donc de notre être. Quand nous cherchons juste à nous en débarrasser au plus vite, c’est une façon de faire la sourde oreille. Et, que faites-vous quand quelqu’un ne vous entend pas ? Vous parlez plus fort. Le corps fait de même : si vous ne prêtez pas attention au premier signal, il en augmente l’intensité. Jusqu’à ce que la douleur vous oblige à vous arrêter !
Si au contraire vous prenez le temps de mobiliser votre attention en douceur sur la zone du corps concernée, c’est comme si vous accueillez le signal au lieu de chercher à l’évacuer. Alors, il est possible qu’émerge en vous une émotion ou une information qui donne un sens à ce signal pour en faire un message intelligible.
Mais, même si vous n’accédez pas intellectuellement au message, il a été « entendu », reconnu par votre conscience et la guérison est incomparablement plus rapide.
Évidemment, si cet exercice est exécuté en synchronisation avec la respiration (expiration sur les phases de relâchement, inspiration sur les phases de retour à la verticale), les bénéfices en sont d’autant plus flagrants.
Bruno Blas
Pour approfondir, l’auteur vous conseille quelques grands classiques avec :
- Le corps à ses raisons de Thérèse Bertherat, Edition Points
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Dis moi où tu as mal, je te dirai pourquoi de Michel Odoul, Edition Albin Michel
- Le grand dictionnaire des malaises et des maladies, Jacques Martel, Ed. Quintessence